Intimiste vs Boudoir : une mise au point

Tu tapes “séance photo lingerie” sur Google, et là, c’est l’embrouille.

Entre "boudoir" et "intimiste", t’as l’impression de devoir choisir entre deux teams rivales.

Mais spoiler alert : y’a pas de guerre des genres ici. Juste deux vibes, deux histoires, deux intentions. Alors on respire, on range les clichés dans le tiroir de la commode en merisier, et on fait le tri.

Le boudoir : corset, dentelle et glamour au garde-à-vous

Historiquement, le boudoir, c’est la petite pièce à soi, façon Marie-Antoinette en peignoir (version luxe, faut des moulures ici Kevin). Et dans l’univers photo, c’est souvent synonyme de glamour très codifié : lingerie sexy, poses millimétrées, mise en scène de “la femme fatale”. On est dans le registre du beau, du désiré, du fantasme – souvent à destination d’un regard extérieur. Spoiler : souvent masculin.

Alors c’est mal ? Bien sûr que non. Si tu kiffes te glisser dans un body en dentelle et jouer les Dita Von Teese, vas-y, chauffe Marcel. Le boudoir, ça peut être empowerant aussi. Mais c’est une esthétique, une posture. Et c’est pas forcément la seule.

L’intimiste : vulnérable, vrai.e, et un peu en vrac

La photo intimiste, c’est l’anti-pose figée. Ici, pas besoin de rentrer ton ventre ou d’avoir la jambe pliée à 45° pour flatter la cam. On s’en fout des diktats, on s’intéresse à toi, pas à la version marketée de toi.

L’intimiste, c’est du brut. Du vivant. De l’émotion. Parfois en culotte, parfois en jogging, parfois nue, parfois habillée de pudeur. C’est une démarche plus documentaire, plus sensible, où la photographe (coucou c’est moi) crée un espace safe pour que tu sois... juste toi. Pas “sexy”, pas “instagrammable”, mais sincère.

Et oui, ça veut dire qu’on peut rire, pleurer, bâiller, avoir des poils, des plis, des cicatrices, être grosse, être maigre, et surtout des regards puissants sur soi.

Mais alors, c’est pour qui ?

Le boudoir, souvent, c’est encore pensé pour offrir à quelqu’un. L’intimiste, c’est souvent un cadeau qu’on se fait à soi.
Le boudoir te demande parfois de "performer". L’intimiste t’invite à "être".

Mais hey, c’est pas une compétition. On peut faire les deux. Être une déesse en porte-jarretelles un jour, et une amazone fatiguée en legging le lendemain. L’un ne vaut pas mieux que l’autre, tant que c’est ton choix, ton plaisir, ton regard.

Le regard, justement…

C’est là que tout se joue, en fait : le regard qu’on pose — et celui qui est posé sur nous.

Pendant longtemps (aka… toujours), les images de femmes ont été créées par des hommes, pour des hommes. Dans ce qu’on appelle le male gaze (ou "regard masculin"), la femme est souvent représentée comme un objet de désir, mise en scène pour séduire, pour plaire, pour être vue. On ne la regarde pas vivre, on regarde son corps, son potentiel érotique, son "esthétique". Et souvent, ça implique des poses qu'on ferait rarement quand on est juste... nous. Tu vois le genre : cambrée comme dans un clip des années 2000, bouche entrouverte façon pub pour du soda.

À l’opposé, le female gaze (ou "regard féminin") ne cherche pas à objectiver. Il crée un espace de ressenti, d’écoute, d’intimité. On ne te photographie pas pour être regardée, mais pour que tu te regardes autrement. Pour te retrouver, pas te performer. On s’attarde sur ce qui vibre, pas ce qui "rend bien". On cherche la sincérité, pas l’apparence.

Et ici, "female" ne veut pas dire que seul·es les femmes peuvent avoir ce regard. C’est une posture, une intention. C’est photographier avec, pas sur. C’est créer un lien, une confiance, où le regard ne domine pas : il accompagne.

Parce qu’il y a un monde entre être "belle" sur une photo, et s’y sentir vivante.

En résumé pour mes camarades des années 90 :

  • Boudoir = Spice Girls sur scène, maquillage pailleté et pose assurée.

  • Intimiste = Alanis Morissette dans sa salle de bain, en train de chanter fort avec une cuillère en bois.

    Les deux sont valables. Mais faut savoir ce que t’es venue chercher. Quel regard tu veux.

Le boudoir, c’est un peu le rendez-vous avec ton alter ego ultra glam : lumière tamisée, lingerie choisie avec soin, poses stylées, et une vibe un peu "ce soir je suis une héroïne de roman érotique bien éclairée". Et ça peut être grisant, clairement.

La photo intimiste, elle, c’est toi, quand tu respires vraiment. Pas besoin de rentrer le ventre ou d’avoir le bon profil. Tu ris, tu bouges, tu vis — parfois en culotte, parfois en grand pull trop doux. Tu ne joues pas un rôle, tu t’ancres.

L’un n’est pas mieux que l’autre : ce sont juste deux façons de te raconter. Deux ambiances. Deux invitations.

Et moi ? J’suis là pour les moments vrais. Pour les plis, les fous rires, les regards doux et les silences qui disent “je suis assez”.
Parce qu’on a grandi avec les pubs Wonderbras, mais aujourd’hui on veut surtout se regarder avec tendresse.